Les temps sont particuliers,

Dans la rue des silhouettes masquées

Silhouettes grises et solitaires

Beaucoup sont dans la misère

D’autres ont perdu leurs proches ou leurs amis

Voire furent touchés eux-mêmes par cette pandémie

Monstre invisible changeant nos vies

Créant un monde au ralenti.

Dans la rue plusieurs portes closes

Et quelques visages moroses.

Alors passe un sourire

Un enfant appelé Espoir

Marche parmi les ombres noires

Regardant le ciel, il déclare :

Face à toutes ces difficultés

Il faut continuer à lutter

Parfois main dans la main

Pour de beaux lendemains

Car souvent apparaît après la pluie et les orages

Un arc-en-ciel au-dessus des nuages.

Une des ombres s’avance vers l’enfant et s’exclame :

<<Comment peux-tu, insouciant,

Rester optimiste en de tels instants ?

Même si ce problème finit par se dissoudre,

Le monde en a encore tellement à résoudre !

La guerre, la misère et la faim

La Terre semblant arriver à sa fin

L’homme n’est-il que destructeur ?

Que dis-tu de ces horreurs ? >>

L’enfant tourna vers lui ses grands yeux

Couleurs du monde et des cieux

Et répondit d’une voix paraissant transcender

A la fois les espaces et les temporalités :

<<J’entends ce que tu dis, et ne peux tout nier

Trop de sang innocent a été versé

Mais ces rivières pourpres, d’autres tentèrent de les stopper.

J’ai vu la guerre et les hommes s’évanouir

Au loin, comme les gouttes d’une peinture sans avenir

Chacune paraissant insignifiante et pourtant si précieuse car unique.

J’ai vu des soldats tirer sur d’autres soldats

Mais j’ai aussi vu des hommes s’arrêter devant d’autres hommes

Leurs yeux se croisant, remarquant, se rappelant

Que l’autre est comme lui : un homme

J’ai vu des êtres aimer d’autres êtres

Pleurer leurs pertes

Mais même dans les endroits où la mort et la terreur

Règnent en maîtres, j’étais là malgré la peur

J’ai vu les camps

J’ai vu les dessins des enfants

J’ai vu des personnes en aider d’autres

En sauver d’autres

J’ai vu des gens se battre, lutter

Pour leur survie, leurs rêves ou leurs idées

Et réussir

J’ai vu des cœurs se réconforter, se soutenir

J’ai vu des moments de partage et de rires

J’ai vu des danses et des sourires

J’ai vu des gens s’indigner contre les souffrances

Ou agir en silence

J’ai croisé Malveillance et Méchanceté

Mais aussi Bienveillance, Bonté et Solidarité

J’ai entendu le rire innocent d’un enfant.

Vu des sourires échangés entre passants

Passant dans la rue, tous deux inconnus.

J’ai vu des animaux sauvages redevenir humains

Grâce à de simples mots.

J’ai vu des mains

En saisir d’autres ou soigner des maux.

C’est parce que j’ai vu tout cela

Sourires et soupirs

Le meilleur comme le pire

Que malgré tous ses déboires

En lui je réussis à croire

Lui qui ne peut être ni mauvais ni bon

Car “il” n’est pas, mais ils sont

Ils sont autant d’hommes qu’il y a d’étoiles

Pouvant d’ailleurs eux-mêmes porter, lors de ce beau voyage

Qu’est la vie, de multiples visages.

Les hommes ne sont donc pas des toiles

Manichéennes, monochromes.

Loin de là, ils sont comme

Constitués d’une infinité de couleurs, formes et nuances.

Tous liés par leur appartenance

Aux mêmes fils de la vie et de l’humanité.>>

L’ombre observa l’enfant, et parut s’éclairer.

Certes, notre temps est comme, couvert d’un voile amer

Soulevé par les vagues, souvenirs d’une vie passée

Vie que chacun savait éphémère

Mais à un tel changement, personne n’aurait pensé

Vie vêtue d’habits ordinaires, on s’y est habitué

Vite vécue, aussi vite remplacée

Par une vie calme et pourtant agitée

Agitée car malmenant certains

Malades, leurs proches, commerçants ou médecins

Pris dans la tempête, luttant contre l’autan.

Calme, car vidant les rues et comme figeant le temps

Temps où Futur incertain

Nous mène dans une danse, dont seule est connue la fin.

Fragilité et inconstance parfument

Le chemin de Demain couvert de brume.

Brume grise et dense

Qui hante le paysage

Criant du silence

Des pertes et des ravages

Créant une ambiance notoire

Une étrange neurasthénie.

Cependant, Espoir

Portant nos rêves tel un génie,

Est encore et doit rester présent.

Comment avancer autrement ?

Tenant un feu ardent

Qui éclaire l’obscurité

Promesse de jours meilleurs,

Et de moments de bonheur

Il nous donne, malgré les difficultés

La force de vivre et de rêver

Car en ces temps particuliers, embrumés

Plus que jamais, il faut continuer

Continuer à croire, à lutter

Et construire avec les briques de nos rêves

La maison d’un magnifique avenir

Entourée de gerberas et de sourires.

Oui, un jour arrivera ce vert jardin,

Symbole de beaux lendemains.

Marianne Bernard